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La liste des genres musicaux relevant de l'esthétique de la miniature est longue. Pourtant, la multiplicité des « stratégies du bref », analysées dans cet ouvrage, peut être observée au prisme d'une histoire plus large.
Bagatelle, impromptu, burlesque, capriccio, invention, intermezzo..., la liste des genres musicaux relevant de l'esthétique de la miniature est étendue. Pourtant, la multiplicité des « stratégies du bref », analysées dans cet ouvrage, peut être observée au prisme d'une histoire plus large et jusque dans des domaines a priori inséparables de la longue durée (comme l'opéra) ou d'un développement improvisé (comme le jazz).
Si la notion de forme brève en musique suggère d'abord la limitation du format d'une partition ou l'abrègement d'une durée d'écoute, la brièveté doit aussi se concevoir en relation avec une exigence de concision et la recherche d'une densité maximale de l'expression. Fréquent objet de procès et de polémiques aux xixe et xxe siècles en raison de la permanence d'une pensée classique de l'entièreté et de la « grande forme » attachée à toute « grande » oeuvre, la brièveté musicale peut aussi refléter des contingences historiques ou des considérations politiques, sociales, économiques ou technologiques. Elle s'enrichit enfin, à l'instar des nombreuses modalités d'enchâssement et de mise en série des formes brèves littéraires à l'intérieur d'un texte, par le dialogue incessant qu'elle instaure avec la longue durée dans les cycles, recueils ou albums enregistrés.
Telles sont quelques-unes des questions abordées au fil des dix-huit contributions de ce volume qui s'attache tant aux stratégies de production qu'aux modalités de réception de la brièveté en musique. Construit en quatre parties respectant un plan chronologique du xve siècle à la période contemporaine, l'ouvrage propose le croisement des regards et des stratégies analytiques et s'intéresse tant aux miniaturistes incontestés que sont Schumann, Schönberg et Webern, qu'à des compositeurs moins connus ou en devenir pour lesquels la forme brève a pu constituer, parfois plus ponctuellement, une échappatoire ou un défi lancé aux systèmes dominants.
Auteur
Vincent Cotro est musicologue et professeur à l Université de Tours (laboratoire Interactions culturelles et discursives ICD). Spécialiste du jazz, critique musical et traducteur, il a également publié plusieurs ouvrages collectifs aux éditions Outre Mesure, aux Presses Universitaires de Rennes et aux éditions Kimé.
Contenu
Contenu : Christian BERGER : « Ce premier jour - Une petite chanson d'étrennes » - Gérard BOUGERET: « Les formes brèves du contrepoint » - Mauro MASIERO : « Heinrich Albert et le Lied monodique accompagné : une forme brève véhicule de divertissement et de spiritualité » - Sébastien DURAND : « Des formes brèves en souvenir d'un long voyage : les 12 Lieder "auf ihrer Reise in Musik gesetzt " de Maria-Theresia von Paradis (1786) » - Henri Gonnard : « Fragments d'intimité : à propos des Dichterliebe (1840) de Schumann » - Nathalie HÉROLD : « Structure et signification de la forme brève dans le Carnaval op. 9 de Schumann : un éclairage à partir de l'analyse timbrique » - Jean-Marie Jacono : « Les formes brèves de Moussorgski et leur sens » - Michelle Biget-Mainfroy : « Chanter moins pour dire plus » - François DELECLUSE : « Les enjeux de la forme brève dans les Études pour piano de Debussy » - Stéphan Etcharry : « Formes brèves dans la musique française pendant la Grande Guerre : des contingences liées au conflit à l'engagement politique » - Denis Vermaelen : « Non pas construire, mais exprimer ! » - François Giroux : « L'aphorisme musical et la cadence » - David ChristoFfel : « La condensation n'est pas le sujet (à propos des opéras-minute de Darius Milhaud) » - Marie Delcambre-Monpoël: « Formes brèves en séries dans la musique du vingtième siècle : entités ou fragments d'un tout ? » - Étienne KIPPELEN : « Les plaisanteries les plus courtes... : humour et brièveté à l'époque contemporaine » - Philippe MICHEL : « C'est court, c'est long ; une autre conception du temps musical dans le jazz des années 1950 - 1960 » - Vincent Cotro : « La brièveté dans le jazz enregistré à l'ère de la "longue durée" et du CD : l'exemple du label ECM » - Pierre FARGETON : « Le jazz en bref : les miniatures de Patrice Caratini »