Le Dieu excentré

Il faut toujours du sel dans la réserve du grenier.

On ne constate que son absence ou son excès, car sa présence n'est là que pour assurer à chaque élément son goût propre. Une pincée suffit, telle la remarque du sage.

Cette collection visera à être un instrument de travail utile et sûr, et comprendra, à côté des études sur les diverses branches de la philosophie, des publications de textes inédits, des commentaires de philosophes étrangers, anciens et modernes.

Elle sera également ouverte à des essais relativement brefs où une pensée, mûrie par le travail de recherche, s'offre au débat.

Comment affirmer Dieu selon une démarche de raison attentive aux forces et aux crises de l'expérience humaine ?

Animé par cette question, le présent essai invite à penser un Dieu excentré - délié d'une position inerte : à la fois «Dieu en attente» et «Dieu en paroles», tourné vers l'homme et porté dans la diversité de ses langages. La perfection divine se comprend alors comme proximité et non plus comme mise à distance. Dieu s'approche dans une multiplicité de rencontres : espaces communs où il y a à répondre jour après jour de ce qui fait être et agir, espaces excessifs de la crise quand le mal ou les objections fracturent l'univers du sujet. C'est bien en un temps habité de chair et d'esprit que l'expérience singulière, dans la reconnaissance de «plus grand que soi», peut librement nommer Dieu.