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L'année 1950 marque les progrès et la sophistication accrue de la perception du problème posé par le communisme soviétique. Le facteur idéologique dans le conflit Est-Ouest est désormais pleinement pris en compte : la France est vraiment entrée en Guerre froide. Mais le principal sujet, c'est la guerre de Corée. Le danger d'une extension du conflit est pris tout de suite très au sérieux. Paris choisit cependant la fermeté, ce qui n'empêche pas la prudence. Et on s'entend avec Londres dans ce sens, lors d'une rencontre le 2 décembre entre Pleven et Schuman et leurs homologues, Attlee et Bevin. En effet l'entrée en lice des Chinois en octobre et les réactions américaines inquiètent beaucoup Paris. Encore fin décembre, on veut garder l'option d'un retour des forces des deux camps sur le 38e parallèle, c'est-à-dire le rétablissement du statu quo ante. L'affaire coréenne a de grandes répercussions sur l'ensemble de la politique extérieure. D'abord le problème du réarmement allemand est posé tout de suite de façon urgente. Les Américains envisagent la formation de dix divisions allemandes. On s'inquiète devant l'entente manifeste de Washington, Bonn et Londres à ce sujet. Le 16 septembre, Jean Monnet adresse à Schuman son fameux mémorandum : il suggère « un plan Schuman élargi » reprenant l'esprit de la proposition de Communauté charbon - acier présentée le 9 mai précédent, mais déclinée pour encadrer le réarmement allemand dans un ensemble européen. Cependant le Quai n'apprécie guère la proposition de Jean Monnet et freine des quatre fers. La majorité des diplomates estiment que ce serait une rupture avec l'URSS et un obstacle à la politique d'intégration de l'Allemagne en Europe. Indiquons d'ailleurs qu'en ce qui concerne le « Plan Schuman » du 9 mai, le Quai ne s'en occupe vraiment que sur deux points : la question de la participation britannique et le problème de l'autorité de contrôle de la future Communauté charbon-acier. La guerre de Corée a aussi de considérables conséquences pour le problème indochinois, en particulier à cause de la menace chinoise croissante et de l'évolution de l'attitude américaine par rapport à ce conflit : Washington commence à s'intéresser à la défense de l'Indochine.
Texte du rabat
L'annee 1950 marque les progres et la sophistication accrue de la perception du probleme pose par le communisme sovietique. Le facteur ideologique dans le conflit Est-Ouest est desormais pleinement pris en compte : la France est vraiment entree en Guerre froide. Mais le principal sujet, c'est la guerre de Coree. Le danger d'une extension du conflit est pris tout de suite tres au serieux. Paris choisit cependant la fermete, ce qui n'empeche pas la prudence. Et on s'entend avec Londres dans ce sens, lors d'une rencontre le 2 decembre entre Pleven et Schuman et leurs homologues, Attlee et Bevin. En effet l'entree en lice des Chinois en octobre et les reactions americaines inquietent beaucoup Paris. Encore fin decembre, on veut garder l'option d'un retour des forces des deux camps sur le 38e parallele, c'est-a-dire le retablissement du statu quo ante. L'affaire coreenne a de grandes repercussions sur l'ensemble de la politique exterieure. D'abord le probleme du rearmement allemand est pose tout de suite de facon urgente. Les Americains envisagent la formation de dix divisions allemandes. On s'inquiete devant l'entente manifeste de Washington, Bonn et Londres a ce sujet. Le 16 septembre, Jean Monnet adresse a Schuman son fameux memorandum : il suggere un plan Schuman elargi reprenant l'esprit de la proposition de Communaute charbon - acier presentee le 9 mai precedent, mais declinee pour encadrer le rearmement allemand dans un ensemble europeen. Cependant le Quai n'apprecie guere la proposition de Jean Monnet et freine des quatre fers. La majorite des diplomates estiment que ce serait une rupture avec l'URSS et un obstacle a la politique d'integration de l'Allemagne en Europe. Indiquons d'ailleurs qu'en ce qui concerne le Plan Schuman du 9 mai, le Quai ne s'en occupe vraiment que sur deux points : la question de la participation britannique et le probleme de l'autorite de controle de la future Communaute charbon-acier. La guerre de Coree a aussi de considerables consequences pour le probleme indochinois, en particulier a cause de la menace chinoise croissante et de l'evolution de l'attitude americaine par rapport a ce conflit : Washington commence a s'interesser a la defense de l'Indochine.