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La notion d'indépendance s'est imposée au sein des univers de production culturelle, jusqu'à constituer un label de qualité. L'ouvrage, par la comparaison entre différents secteurs et pays, vise à éclairer cette catégorie désormais incontournable, pour mieux saisir les reconfigurations de secteurs tels que l'édition, la musique et le cinéma.
« Indépendant », « alternatif », « indie », « underground », « avant-garde », « de création »... Depuis les années 1970, la revendication d'indépendance a pris une importance grandissante dans les univers de production culturelle. Qu'elle se rapporte à des contenus, des méthodes de travail ou des dispositifs de médiation, cette revendication propose une alternative à la domination des groupes et des productions mainstream. Son succès conduit cependant à s'interroger sur la cohérence même d'une notion progressivement transformée en label de qualité.
À travers douze contributions traitant de l'édition, du cinéma, de la musique, des médias et de la vulgarisation scientifique, cet ouvrage montre en quoi l'indépendance relève d'une construction sociale tributaire de son environnement institutionnel et marchand. Des ondes aux écrans, de l'Europe aux États-Unis, des managers aux artistes, il met en évidence le balancement entre artisanat de création et recherche d'une structuration économique pérenne.
En mettant à distance la dénonciation ritualisée de l'hégémonie des majors et autres « grands groupes » et en s'appuyant sur des terrains ancrés dans différents contextes nationaux, ce livre fait le pari d'une approche transversale pour mieux saisir la manière dont l'indépendance irrigue et structure des filières trop souvent envisagées de manière cloisonnée. Il éclaire ainsi une catégorie de référence des industries culturelles paradoxalement peu étudiée par les sciences sociales, et permet de saisir l'évolution des rapports de force dans des secteurs confrontés à une rationalisation économique et à des mutations technologiques de grande ampleur.
Auteur
Olivier Alexandre est sociologue, chargé de recherche au CNRS.
Sophie Noël est sociologue et maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 13 (LabSic).
Aurélie Pinto est sociologue et maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (IRCAV).
Contenu
Content : Michael Z. Newman : Généalogie d'une catégorie zombie. Des médias de masse à la culture mainstream aux États-Unis Ryan Hibbett : Qu'est ce que l'indie rock ? Jean-Matthieu Méon : Raconter une autre histoire. La bande dessinée alternative américaine entre autonomie et aspirations à la légitimité artistique Benjamin Caraco : L'Association en toute indépendante. Distribuer, diffuser, distinguer la bande dessinée en France Philippe Mary : Dans le cadre du losange. Pratiques de l'indépendance dans le cinéma d'Eric Rohmer Juliette Goursat : Mises en je de l'indépendance cinématographique. Le cas des réalisateurs autobiographes Samuel Bouron : Produire des faits autrement. L'IUT de Bordeaux, une alternative à la « neutralité » journalistique Sylvie Ducas : L'auteur assigné à résidence ? L'écrivain contemporain dans le dispositif de la résidence d'écriture Boris Attencourt : L' « intelligence » comme (in)dépendance. L'Université de tous les savoirs (2000-2013) Sébastien Lehembre : L'édition indépendante, une question de géographie. Les ressorts nationaux d'une définition transnationale Anna Zaytseva : Entre « trouver sa place » et « atteindre un public mondial ». Parcours d'indépendance sur la scène de musiques actuelles de Saint-Pétersbourg Tanguy Habrand : My major is indie. Les stratégies de récupération du label « indépendant » par les groupes d'édition.