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De Feuerbach à Derrida, de la gastronomie au cannibalisme et de la saveur à la terreur, cette étude décline les différentes postures du sujet mangeant.
Plus précisément, et résolument ancré dans un corps placé au centre du présent volume, c'est d'abord un sujet phagique jouissif qui triomphe dans l'autobiographie gastronomique. Mais l'étude examine également les modalités d'apparition d'un sujet dysphorique, émietté, spectralisé ou vampirisé, aussi bien dans les littératures de l'éclatement de soi que dans les mises en spectacle des déchirements identitaires de l'art corporel. Les contributions permettent enfin de voir comment la métaphore (auto)phagique, pathologique chez les grands lecteurs, toujours digestive, voire stercoraire, se littérarise dans une quotidienneté diarique recyclée ad nauseam, se redéfini philosophiquement dans un rapport circulaire au monde et voit son essence sondée par la philosophie anti-idéaliste et postmoderne.
Enrichies de l'apport de disciplines différentes, les AutoBioPhagies aspirent en effet à réunir ce que la tradition occidentale a désuni : les deux fonctions principales de la bouche, celle de la parole et celle de la nourriture.
Auteur
May Chehab (Université de Chypre) étudie la rémanence de la philosophie présocratique et l'interaction entre sciences, lettres et philosophie (Saint-John Perse, neveu de Nietzsche, 2009).
Apostolos Lampropoulos (Université de Chypre) est spécialiste de la théorie littéraire, des études du corps et des relations entre film et théorie. Il a publié Le Pari de la description (2002).
Contenu
Contenu : May Chehab : De l'AutoBioPhagie Yannis Constantinidès : Der Mensch ist, was er isst. Une défense ironique du matérialisme alimentaire Bérénice Waty : Celui qui mange les livres. Pathologies du corps lecteur Fabienne Mérel : Menace et triomphe de l'organique. Un aspect de l'écriture intime de Paul Valéry Alain Schorderet : La naissance de l'autobiographie gastronomique dans le traumatisme de la Révolution : Brillat-Savarin, Berchoux et Jourgniac de Saint-Méard Philippe Lejeune : Claude Mauriac et l'écroulement du Temps immobile Anastasia Danaé Lazaridis : Un étrange banquet méta-panta-physique, ou devinez qui vient dîner ce soir : les tribulations du sujet dans l'Histoire des métamorphoses de Yannis Panou Natália Laranjinha : Samuel Beckett : autophagie et émiettement du moi Lionel Ruffel : L'uvre cannibale, le corps fantôme. Sur « Pierre Guyotat » Beatrice Barbalato : Vampirisme et aberration sadienne. Carmelo Bene dramaturge Isabelle Barbéris : Messe pour un corps de Michel Journiac. L'autobiophage en icône des temps présents Jacques Brunet-Georget : Le corps dans les autoportraits photographiques de David Nebreda. De la phagocytose au reste Thierry Tremblay : L'estomac de Nietzsche, Klossowski et moi Miguel Matilla: One's Fate as Food. A Note on Nietzsche's Moral of Amor Fati Francesca Manzari : Ecriture de soi et auto-bio-phagie. Autour de la question du « bien manger » Apostolos Lampropoulos : Post-phagique.